Le retour des fleurs (partie 1)
C'est parce qu'il ne pouvait plus accepter la méchanceté des hommes que le plus puissant des sorciers avait quitté son pays pour aller vivre sur le sommet d'une haute montagne.
Dès son départ, toutes les fleurs des prairies, celles qui poussent sur les collines et dans les bois, celles qui fleurissent au bord des rivières, des lacs et des mers, se fanèrent et moururent. Pas une seule ne survécut. Et le pays devint un désert car, après la mort des fleurs, les oiseaux, les papillons, les abeilles, tous les insectes avaient fui. Les plus vieux habitants disaient aux petits enfants la beauté des fleurs et des insectes, mais les enfants ne voulaient pas les croire.
- « Ce ne sont que des histoires, disaient-ils. »
Seul le fils d'une pauvre veuve croyait qu'il existait encore des fleurs et des insectes. Et quand sa mère se taisait, il réclamait encore une autre histoire, car il voulait toujours entendre parler de la beauté des fleurs.
- « Ah ! Se dit-il, quand je serai grand, j'irai trouver le grand sorcier pour lui demander de nous redonner les fleurs. »
Sa mère, d'abord, refusa de la croire.
- « Mon fils ! S'écria-t-elle, ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. J'ai entendu ma mère les raconter, parce qu'elle les avait entendu raconter par sa mère. Mais il ne faut pas croire à ces histoires ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Et, quant au sorcier, jamais personne ne pourra le retrouver. La montagne où il vit est plus haute de toutes les montagnes. »
Mais le jeune homme ne l'écouta même pas et, un beau matin, il partit. Les gens du pays le virent s'éloigner en souriant ironiquement.
- « Quel fou ! Dirent-ils. Il faut être fou, pour croire à ces histoires ! »
Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps. Il arriva enfin au pied d'une montagne si haute, si haute que son sommet était invisible. Courageusement il tourna autour de la montagne, mais il n vit aucun sentier, rien que des rochers. Trois fois, il tourna autour de la montagne.
- « Il faut,se dit-il, que je découvre le chemin que le sorcier a suivi pour atteindre le sommet. »