ARAGON - PREVERT : LE HOULME

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ARAGON - PREVERT : LE HOULME

49 302 | Arrivée à la station-bagne XV

Loïk Gwilherm, condamné au bagne pour un crime qu’il affirme ne pas avoir commis, arrive à destination de son lieu de détention : la station-bagne XV de la planète Syringa, après un voyage dans l’espace de près d’un an.

Retour Sommaire Le vaisseau fusionnait avec la station-bagne XV de la planète Syringa. Une sirène nous vrillait les tympans. Nous ? Les cent quatre-vingts condamnés qui, comme moi, attendaient avec anxiété l’ouverture du sas pour découvrir notre nouvelle geôle. La lumière nous aveugla soudain. Je me secouai et me redressai dans l’immense pièce froide et stérile, faite d’amas de métal et de tuyaux. La saleté s’accumulait sur le sol jonché de matelas. Il y avait des lits, certes, mais insuffisants pour le nombre de prisonniers. L’odeur humain, mélange de sueur et de crasse, plus les relents nauséabonds des trois bac à déjections et à urine pour près de deux cents prisonnier, bacs qui n’étaient vidés qu’une fois par journée, prenaient à la gorge... les premiers jours. Au bout d’un an, on s’y habituait. Un coup de sifflet, un chuintement : les portes se déverrouillaient. D’un même mouvement, nous nous levâmes, telle une marée humaine synchronisée. Notre condamnation allait commencer maintenant.

  • Distribution des sacs ! En rang ! En rang !

Bousculades. Coups.

  • Silence !

Une colonne se forma tant bien que mal. J’étais à l’avant.

  • Prenez soin de vos affaires ! Elles ne seront remplacées qu’une fois par an ! Un matricule vous sera donné. Vous n’existez plus en tant qu’individu, mais comme numéro. Vous n’êtes plus rien. Juste un numéro.

Le garde semblait prendre plaisir à répéter ce mot, à le marteler, même... Passez un à un devant moi, poursuivit-il. L’étiquette portant votre nom cousu sur votre vêtement sera arrachée. Je frissonnai. On ôtait ce qui faisait ma personnalité originelle : mon identité.

  • Le premier que j’entends appeler un prisonnier par son nom ira au trou !

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