Le vaisseau fusionnait avec la station-bagne XV de la planète Syringa. Une sirène nous vrillait les tympans. Nous ? Les cent quatre-vingts condamnés qui, comme moi, attendaient avec anxiété l’ouverture du sas pour découvrir notre nouvelle geôle. La lumière nous aveugla soudain. Je me secouai et me redressai dans l’immense pièce froide et stérile, faite d’amas de métal et de tuyaux. La saleté s’accumulait sur le sol jonché de matelas. Il y avait des lits, certes, mais insuffisants pour le nombre de prisonniers. L’odeur humain, mélange de sueur et de crasse, plus les relents nauséabonds des trois bac à déjections et à urine pour près de deux cents prisonnier, bacs qui n’étaient vidés qu’une fois par journée, prenaient à la gorge... les premiers jours. Au bout d’un an, on s’y habituait. Un coup de sifflet, un chuintement : les portes se déverrouillaient. D’un même mouvement, nous nous levâmes, telle une marée humaine synchronisée. Notre condamnation allait commencer maintenant.
Bousculades. Coups.
Une colonne se forma tant bien que mal. J’étais à l’avant.
Le garde semblait prendre plaisir à répéter ce mot, à le marteler, même... Passez un à un devant moi, poursuivit-il. L’étiquette portant votre nom cousu sur votre vêtement sera arrachée. Je frissonnai. On ôtait ce qui faisait ma personnalité originelle : mon identité.
Par : Marc Helloin publie 6 avril 2009
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