La brume mauve saupoudrée de particules pourpres couvrait le paysage de la planète Nùa" d’un voile presque vaporeux. Tat"ouie marchait à pas lents dans la mousse soyeuse du sous-bois qui exhalait un parfum de santal. Elle s’était levée tôt ce matin, réveillée avec force par une irresistible envie de respirer l’air de l’aube. Sa fourrure orange parsemée de filaments lie-de-vin brillait dans lueur des rayons du soleil.
Tat"ouie était considérée par son peuple comme un être singulier. Son empathie pour les autres, la facilité qu’elle avait de se déconnecter de la réalité, la tête perdue dans les nuages, son regard parfois absent, toutes ces attitudes déconcertaient ses amis. Elle tentait tant bien que mal d’expliquer qu’elle se sentait tiraillée entre deux mondes, ils avaient du mal à la comprendre.
La jeune Nuà"ina passait son temps libre à caresser les arbres, à les sentir, à respirer, à observer la vie animale, la forme des pierres. Elle ramassait ce que la nature rejetait et façonnait ses trouvailles d’une manière artistique. Ses dessins et ses poèmes étaient appréciés. […]
Mais la forêt ne l’inspirait pas ce matin. Quelque chose d’étrange brouillait la sérénité des lieux, faussait jusqu’à la magie qui, d’habitude, régnait et séduisait la jeune fille. Et dans ces cas-là, le seul endroit qui pouvait la calmer était la mer. Tat"ouie prit donc le chemin des sous-bois, longeant les derniers arbres au feuillage ocre et orange, barrière naturelle et essentielle à la toxicité de la poussière de terre.
Nùa" était une planète dangereuse. Elle recelait en son sein une substance qui pouvait rendre fou les plus faibles, qui devenaient dépendants d’elle avant de succomber à une mort douce et tranquille. Heureusement la fourrure qui recouvrait le corps du peuple de Tat"ouie absorbait cette substance et annihilait son action néfaste. Mais le pouvoir de sa fourrure avait tout de même ses limites, il fallait donc être prudent et s’en imprégner le moins possible.
Par : Marc Helloin publie 6 avril 2009
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