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publie 22 avril 2011

Abomination de la guerre

Guernica, de Pablo Picasso - 1937

Avec son tableau, le peintre espagnol républicain se fait témoin et militant

Le tableau de Picasso, c’est une indignation, c’est un cri de révolte devant l’abominable [1], l’inhumain.

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Ce qui s’est passé à Guernica

En 1937, L’Espagne est en guerre civile. Les troupes du général Franco, opposées aux républicains, s’allient à Hitler et l’Allemagne nazie.

Le lundi 26 avril 1937, jour de marché, cinq escadrilles d’avions allemands, escortées par des bombardiers italiens et des avions de chasse, procèdent au bombardement de la ville afin de tester leurs nouvelles armes. L’attaque commence à 16 h 30, aux bombes explosives, puis à la mitrailleuse, et enfin aux bombes incendiaires. Après avoir lâché quelque cinquante tonnes de bombes incendiaires, les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19 h 40. Après le massacre, 20 % de la ville est en flammes, et l’aide des pompiers s’avérant inefficace, le feu se propage à 70 % des habitations.

Le nombre officiel de victimes, toujours maintenu depuis par le gouvernement basque, fait état de 1 654 morts et de plus de 800 blessés.

Des éléments du tableau

1. Le tableau fait référence à la période cubiste [2] de Picasso. Le peintre n’essaie pas ici de copier la réalité -comme le ferait par exemple une photographie - Il sélectionne des évènements importants et utilise la forme, la représentation, pour qu’elle exprime un sentiment, une émotion.

2. Le tableau est en noir et blanc, cela évoque la gravité du sujet, peut être aussi sa tristesse. Noir et blanc sont aussi pour de nombreuses civilisations les couleurs de la mort. Enfin, peut-être Picasso a-t-il voulu renforcer le caractère informatif, militant, de l’œuvre en évoquant les couleurs d’un journal ?

3. Le cheval blessé.

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Placé au centre de la composition, pour Picasso, il symbolise le peuple. La liberté est mourante. Comme pour la mère portant son enfant mort, la douleur est exprimée par la langue pointue comme un couteau.

La lance qui transperce le flanc du cheval rappelle celle qui blesse la poitrine du Christ. La crucifixion est l’archétype [3] de la souffrance et de l’agonie. (analyse empruntée à W. Rubin, L’Art dada et surréaliste)

4. Le taureau.

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Le taureau est l’image de la brutalité, de la cruauté. Il n’est pas concerné par l’horreur qui l’entoure. On retrouve souvent le taureau dans l’œuvre de Picasso.

5. La femme portant son enfant mort

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Au dessous du taureau, si terriblement indifférent, dans le tableau, on trouve une femme portant son enfant mort. elle est redressée, elle crie. tout son corps tendu exprime la souffrance, la douleur, le désespoir.

La légende

On raconte qu’au cours de la seconde Guerre mondiale, Otto Abetz, ambassadeur nazi allemand rendit visite à Picasso. Lorsqu’il vit Guernica il dit au peintre : "C’est vous qui avez fait cela ?", Picasso lui répondit : "Non. C’est vous." Picasso a toujours eu le sens de la formule. Ses citations sur l’art sont célèbres. Voici l’une d’elles qui nous éclaire un peu sur le cubisme : Faut-il peindre ce qu’il y a sur un visage ? Ce qu’il y a dans un visage ? Ou ce qui se cache derrière un visage ?

notes

[1] abominable /a.bɔ.mi.nabl/ masculin et féminin identiques

1. Qui est en horreur, qui mérite d’être tenu en horreur. * Mais la grande débâcle a commencé en 1875 et en 1876, quand, coïncidant avec le mouvement malthusien qui déjà gagnait les esprits, survint l’abominable phylloxera. […]. Dès lors, tous les éléments jeunes et actifs s’orientèrent rapidement vers les villes, […] . — (Ludovic Naudeau, La France se regarde. Le problème de la natalité -1931)

[2] cubisme

Nom masculin singulier (arts) école artistique de la période précédant la guerre de 1914-1918, qui décomposait les objets dessinés en cubes ou en structures géométriques

[3] Adjectif singulier invariant en genre modèle, idée de base, symbole universel