Le mardi 30 mars, dans le cadre du festival des "transeuropéennes", les CM1 se sont rendus au FRAC (Fond régional d’Art Contemporain) [1], à Sotteville-les-Rouen, pour en découvrir la collection photographique.
La médiatrice culturelle leur a fait découvrir plusieurs formes d’expression :
L’œuvre qui a le plus marqué les enfants est Monster , de Douglas Gordon. Il s’agit d’un double autoportrait. Dans le premier, il apparait de manière naturelle ; dans le second, avec l’aide de ruban adhésif, son image est défigurée : il ressemble alors à un cochon [2] !
Cette image pose la question de l’altérité. Qui est-on vraiment ? L’image quotidienne que l’on propose socialement reflète-t-elle vraiment ce que l’on est ? Rimbaud disait "Je est un autre". N’y-a-t-il pas alors d’autres reflets de notre personnalité, d’autres images possibles ?
On ne citera pas toutes les œuvres présentées. Il suffit que les élèves s’intéressent à quelques unes d’entre elles, les interrogent, et cultivent ainsi leur goût de l’art.
On n’aime que ce qu’on a goûté. Aussi, au travers d’un court atelier, les élèves s’essaient à devenir artistes. La médiatrice leur propose de créer une installation à partir de gobelets plastiques, d’origamis ou de larges disques colorées. Ils doivent collaborer ensemble dans chaque groupe. Ensuite elle photographiera le travail avec un appareil de photo instantanée. Là, les élèves vont toucher du doigt l’évolution technique de la photographie.
A l’heure de la photo numérique, la photo instantanée a perdu beaucoup de sa spécificité.
Non seulement la photo instantanée tarde à apparaître, mais ses couleurs sont aussi bien moins fidèles que celles des photos des appareils numériques, lesquelles, si on avait disposé d’une imprimante sur place, eussent été tout autant instantanées !
[1] Le Fonds Régional d’Art Contemporain de Haute-Normandie possède une quadruple vocation l’acquisition régulière d’ceuvres d’art qui viennent enrichir une collection patrimoniale reflétant la multiplicité des expressions artistiques d’aujourd’hui, une politique structurée de diffusion (expositions, publications, commandes, prêts, dépôts...), un programme de sensibilisation à l’art contemporain (animations, ateliers pédagogiques, classes culturelles, conférences, formations...) et, une mission de soutien à la création en étroite relation avec les artistes émergents.
[2] Les autoportraits de Douglas Gordon, à travers un jeu sur le masque, dévoilent plus qu’ils ne voilent, révèlent plus qu’ils ne cachent quelque chose d’essentiel sur la condition précaire de l’homme : le corps comme sujet de désir, objet de souffrance, etc. Comme s’il fallait, face au poids des images, de la culture ou des conventions sociales, se réapproprier sa propre enveloppe charnelle, son humble condition d’être humain, avec toute sa force et sa faiblesse, son affirmation et sa fragilité ; retrouver ce qui nous atteint et nous altère. À travers différents types de travaux (photographies, vidéos, installations), Douglas Gordon réinterroge les systèmes humains d’identification, de reconnaissance et de mémorisation, ainsi que les mécanismes sensoriels que ces systèmes mettent en jeu. Son ouvre ne cesse ainsi de parler de dualité et de métamorphose, de la part d’ambiguïté présente en chacun de nous, comme du basculement des destinées vers le « mal » ou le « bien ». Pour cela, il utilise le texte, la photographie, mais aussi la « matière » de certains films, tels que Psychose, Fenêtre sur cour, Le Troisième Homme, Star Trek, Taxi driver, etc. Dans Monster, il « s’exhibe » selon une double image : « au naturel » et « défiguré », « déformé » à l’aide de rubans de scotch. On retrouve la trace des masques d’Halloween mais aussi de la créature de Frankenstein, mi-humaine mi-bestiale, qui remet en cause les notions d’altérité et d’identité au sein des structures sociales et culturelles occidentales. (note tirée de TDC n) 864, du 15 novembre 2003
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Dernière mise à jour : jeudi 23 novembre 2017