Les risques des produits périmés
Pestilia riait aux éclats. Son plan se déroulait comme prévu. Elle regarda son corbeau passer au-dessus d'elle et quelques grains de poudre lui chatouillèrent le nez. Aussitôt, une impression bizarre s'empara d'elle. Elle se sentit rapetisser, tandis que des ailes transparentes lui poussaient dans le dos. Elle eut à peine le temps de crier :« Mais noooon ! Pas moi ! C'est impossible ! Je suis imunizzzzzz ! »Et, moustique parmi les autres moustiques, elle emplit la salle désormais vide de ses bourdonnements furieux.
Au même moment, à la pharmacie du village, le pharmacien demanda à son fils :
« Georges, tu as touché au coffre en bois, dans l'arrière-boutique ? »
« Oui, P'pa ! J'ai vendu une bouteille de sirop d'ortie à une grand-mère tout à l'heure. C'est la seule qui restait. »
Le pharmacien leva les yeux au ciel.
« Malheureux ! C'est la caisse où je range les produits périmés ! Tu aurais pu faire attention et regarder la date limite de vente ! »
L'enfant rougit et se mit à bafouiller :
« Heu... Elle ne risque pas de s'empoisonner, au moins ? »
« Non ! Heureusement ! Mais le sirop d'ortie, s'il est trop vieux, n'a plus aucun effet. Ça ne l'a sûrement pas soulagée, la pauvre grand-mère ; c'est comme si elle avait bu de l'eau ! Si elle repasse aujourd'hui ou demain, donne-lui une nouvelle bouteille en échange ; je viens d'en recevoir. »
Mais la dernière sorcière ne repassa pas.
Ni ce jour-la, ni le lendemain, ni aucun autre jour.
