Le Siffleur (partie 3)
Il était plus jeune et plus fort qu'il ne l'avait jamais été et des coups qu'il avait reçus il ne conserva ni traces ni douleurs.
Lorsqu'ils revinrent d'une nouvelle expédition, il fit cuire sa viande par ses deux sœurs cadettes et, comme autrefois, il donna les bons morceaux à ses sœurs préférées et les pattes à l'aînée.
Quand ils partirent encore une fois pour aller voler du bétail, elle se dit :
Cette fois, ils le tueront pour de bon, car je ne le ressusciterai plus !
Et elle se fit une jolie coiffure avec des perles bleues serties dans ses petites tresses. Elle se lava le visage et les mains et les oignit de parfum. Elle se vêtit d'un beau pagne et, fringante comme une fleur dans le soleil doré du matin, elle le précéda sur la route. Son frère la suivait, étonné de la voir si belle.
- « Je ne t'ai jamais vue aussi jolie », lui dit-il.
- « Tu comprendras pourquoi ce soir, quand nous reviendrons à la maison», lui répondit-elle.
En sifflant dans son sifflet, il réussit à attirer un grand troupeau de vaches et à le conduire jusqu'au bord du fleuve, mais la sœur aînée, se souvenant que son frère n'avait pas tenu sa promesse, refusa de prononcer les paroles magiques et l'abandonna aux gens du village qui le poursuivaient. Ils lui donnèrent tant de coups de bâton qu'ils le tuèrent.
Mais cette fois-ci, ce fut pour de bon ; car malgré les insistances et les supplications de ses jeunes sœurs qui lui avaient donné à manger les pattes quand elles mangeaient la graisse, la sœur aînée refusa de ressusciter l'ingrat siffleur.