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publie 17 avril 2010

La mer haut-normande

Claude Monet peint Étretat

Entre 1883 et 1886 Monet fit de fréquents voyages à Étretat. Il y peignit, parmi beaucoup d’autres, ces trois oeuvres que nous allons découvrir.

Guy de Maupassant, grand ami de Monet, l’accompagna souvent le long des falaises, et il nous a laissé cet intéressant témoignage, daté de 1885, sur le travail du peintre, qu’il vit alors, suivi par des enfants qui portaient « cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. (...) Le peintre attendait, guettait le soleil et les ombres, cueillait en quelques coups de pinceau le rayon qui tombe ou le rayon qui passe. » Il ajoutait :« Je l’ai vu saisir ainsi une tombée étincelante de lumière sur la falaise blanche et la fixer à une coulée de tons jaunes qui rendaient étrangement le surprenant et fugitif effet de cet insaisissable et aveuglant éblouissement. Une autre fois, il prit à pleines mains une averse abattue sur la mer et la jeta sur sa toile. Et c’était bien de la pluie qu’il avait peint ainsi, rien que de la pluie voilant les vagues, les roches et le ciel, à peine distincts sous ce déluge. »

Les artistes avaient découvert Étretat depuis longtemps. Delacroix en avait fait une aquarelle, que Monet possédait. Courbet avait peint des barques sur cette même plage, de même que Boudin. En 1883, c’était une station balnéaire à la mode. Monet y venait généralement assez tard dans la saison, alors que les Parisiens s’y faisaient rares, mais il pouvait néanmoins prendre conscience de sa popularité auprès d’un public qui était le même que celui qui allait voir ses peintures.

Il existe plusieurs tableaux de Monet représentant Étretat.

La plage d’Étretat

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La plage d’Étretat, 1883

Musée d’Orsay, Paris

La pêche était la principale ressource de cette côte normande, une bataille constante entre la force et le danger de la mer et les pêcheurs qui s’aventuraient au large sur leurs frêles barques. Il y a dans cette toile un intéressant contraste entre l’intense activité qui règne sur la grève et la douce et paradoxale lumière de l’horizon marin.

La Manne Porte

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La Manne porte, 1883

Metropolitan Muséum of New York

Monet peint ici la Manne porte, une arche rocheuse qui plonge dans la mer. Il fait beau sur la côte cauchoise. Un soleil au sud éclaire l’intérieur de l’arche. Il y a quelques nuages dans le ciel et la marée haute clapote fortement contre les falaises. La mer est peinte à contre-jour - Le soleil est derrière l’arche-. La houle est forte. L’écume est abondante. On remarquera que les touches de peinture de Monet sont posées différemment selon le sens de l’objet : horizontalement pour le côté nord de l’arche, de façon oblique pour son intérieur, avec un certain mouvement pour la mer. C’est là un des apports importants des impressionnistes que de rendre ainsi le mouvement.

Mer agitée à Étretat

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Mer agitée à Étretat, 1883

Musée des Beaux-Arts, Lyon

Cette vue d’une plage cadrée depuis la fenêtre d’un hôtel est celle d’Étretat que Monet peint en série en février 1883. Elle est peinte en hiver. Il fait mauvais temps.

Au premier plan, deux pêcheurs près de leur barque et trois caloges [1] occupent le mince espace dévolu au port d’échouage des bateaux. Devant le rideau de pluie qui strie le ciel au loin, se détache la forme pittoresque de la falaise, les touches horizontales du pinceau soulignant les strates de la pierre. Sous l’effet d’un vent violent, les vagues nacrées [2] traitées en boucles rapides et vibrantes envahissent la partie centrale du tableau.

notes

[1] les « Caloges », terme dialectal signifiant « cabane », sont d’anciens bateaux convertis par les pêcheurs en abris et en locaux pour entreposer le matériel utile à leur activité. Ils sont recouverts d’une toiture en chaume

[2] couleur de nacre