Claude Lévêque est un personnage singulier [1]. Même dans le milieu artistique où les personnalités sont fortes, il se distingue encore des autres.
Il n’a jamais fait partie d’une école. Il développe un style à nul autre pareil.
Les grands artistes ont leur signature. C’est à dire que lorsqu’on découvre une de leurs œuvres, on la reconnait immédiatement, instinctivement, comme étant de leur production. Claude Lévêque est de ceux-là.
Un immense escarpin rouge, des cercles d’ampoules rouges posés au sol, une valse sirupeuse modernisée et des voiles voletant au bas des murs, le tout dans une ambiance rouge, rosée, voilà ce qu’ont découvert les CM1, 2, 3, 4 lorsqu’il visitèrent "le monde des images", à Beaubourg, en 2006.
Deux vidéos de l’oeuvre : Valstar Barbie 1, ; Valstar Barbie 2
Selon le conférencier, il pourrait s’agir d’une évocation des contes de fées, comme Cendrillon. Il est vrai que l’artiste a souvent évoqué le monde de l’enfance et que le mot Barbie s’y réfère.
Mais on est troublé ensuite par la grandeur démesurée de la chaussure et par la distorsion de la musique.
Alors voici comment l’artiste explique son œuvre : ” Elle fait à la fois référence à l’univers féerique et sucré de la poupée Barbie et à Klaus Barbie [3] qui a sévi et a été jugé à Lyon. J’ai eu envie de traiter l’espace de cette manière, en mettant en parallèle deux situations : les loisirs et le drame. Il y a une présence sonore très importante avec la diffusion d’une valse de Vienne ralentie et distordue. Quant à la chaussure de la Barbie, elle est monstrueuse par ses dimensions. Certaines personnes ne perçoivent pas la dimension monstrueuse de l’œuvre et ne retiennent que le côté féerique. D’autre part, même si la Valstar est une bière de base, j’avais aussi envie de triturer la relation entre la valse et la star.” Claude Lévêque : Valstar Barbie, Biennale de Lyon, 2003
En septembre 2008, Claude Lévêque a conçu une installation spécifique intitulée "Down the street", pour l’ancien magasin de la TCAR (le réseau de transport public de l’agglomération de Rouen) qui abrite depuis dix ans le Frac Haute-Normandie.
Les parois de la salle d’exposition sont couvertes de bandes de peinture noire, traversant le mur horizontalement de part en part, et parfois se croisant, comme le feraient des rails à un aiguillage. Quatre réverbères d’éclairage public sont posés contre la mezzanine du premier étage, renversés, les lampes désormais posées au sol, ils forment une croix au centre imaginé de l’espace, là où la lumière du jour vient frapper.
[1] Claude Lévêque est né en 1953 à Nevers (Nièvre). C’est dans cette ville qu’il a grandi, au cœur d’une citée ouvrière bordée de terrains vagues, près des voies de chemin de fer. Plus intéressé par la musique que par l’art, il va tout de même poursuivre des études à l’École des Beaux-Arts de Bourges. Il s’installe ensuite à Paris où il intègre les milieux punk et new wave qui auront une forte influence sur son travail plastique. Il réalise alors des aménagements de vitrines de magasins. Au milieu des années 80, il présente ses premières installations qui seront très rapidement remarquées.
[2] Valstar est une marque de bière bon marché. Mais on peut aussi lire ce mot comme un acronyme : valse (la danse) + star (Barbie)
[3] Klaus Barbie était un tortionnaire et meurtrier nazi qui a sévi à Lyon durant la seconde guerre mondiale
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Dernière mise à jour : jeudi 23 novembre 2017